Il est l’une des figures de proue de la scène culturelle marocaine, Tahar Ben Jelloun est aujourd’hui l’un des auteurs francophones les plus traduits au monde. La Tribune de Marrakech s’est entretenue avec l’écrivain, poète et peintre franco-marocain qui nous livre un tour d’horizon des temps forts de sa carrière, à l’occasion de son exposition à la Galerie Tindouf, convié par son propriétaire Boubker Temli.

 

 

Né à Fès, Tahar Ben Jelloun passera une bonne partie de sa jeunesse à la perle du détroit : “Fès et Tanger sont très présentes dans mes écrits. Je suis passé de la médina de Fès à la baie de Tanger… la Méditerranée… l’Atlantique, c’était un changement énorme pour moi”, nous confie Tahar. Après le bac, il entreprendra des études en philosophie, un choix mûrement réfléchi et désiré : “J’ai toujours été très intéressé par la philosophie, car j’ai eu la chance d’avoir une professeure extraordinaire. J’ai ainsi fait ma licence à Rabat, puis j’ai continué à lire et à m’intéresser de près à cette belle discipline”.

 

La philosophie, Tahar en a fait une vocation en enseignant la matière au Maroc. Toutefois, coup de théâtre, le Royaume opte, quelque temps après, pour l’arabisation de la science de la vérité, telle que la définissait Aristote. “Je suis parti en France en 1971, à la suite de l’arabisation de l’enseignement de la philosophie. À noter également qu’à l’époque, le Maroc ne disposait d’aucune maison d’édition, ce qui freinait mes envies d’écriture”, explique Tahar Ben Jelloun.

 

Entre plume et pinceau.

 

Tahar Ben Jelloun porte l’écriture dans son coeur depuis sa plus tendre jeunesse. Son premier texte, un poème, a été publié en 1968 dans la revue Souffles. Depuis, il laisse libre cours à sa plume : “L’écriture est devenue ma respiration quotidienne et même quand je n’écris pas, je pense à ce que j’écrirai. Totalement absorbé par cette passion devenue avec le temps une habitude dont j’aime la présence et les contraintes, j’essaie de diversifier les thèmes et les formes d’écriture”, confie-t-il. Il publie «L’enfant de sable» en 1985, qui le propulse sur le devant de la scène. Un roman à succès qui aura une suite, «La nuit sacrée», récompensée par le prix Goncourt en 1987. Une consécration qui a marqué la mémoire de l’écrivain : “C’était un événement formidable, historique pour moi et pour l’académie Goncourt, car c’était la première fois que l’académie décernait le prix à un écrivain qui n’était pas de nationalité française et qui venait du Maroc”.

 

Il arrive que Tahar ben Jelloun troque sa plume engagée pour un pinceau, puisqu’il est également peintre : “J’ai toujours peint et dessiné, je suis devenu professionnel il y a une dizaine d’années. J’ai pris cette vocation au sérieux dès que j’ai commencé à exposer. Je suis très consciencieux, je travaille la peinture comme je travaille l’écriture”, précise Tahar Ben Jelloun. Tout récemment, il a pris part à un projet fort en symbolique, puisque c’est à ce peintre musulman qu’ont été confiées les peintures des vitraux de l’église du Thoureil, édifice classé des bords de Loire (France).