Ludovic Petit ou l’élégance sous toutes ses formes

Formé dans les plus grandes maisons de haute couture française, Ludovic Petit est devenu l’un des créateurs les plus doués de sa génération. Amoureux de Marrakech et adepte du sur-mesure, il « sévit » dans de nombreux domaines (décoration, architecture d’intérieur, événements) avec une modernité rare. Rencontre.

 

Dans la vie, il y a ceux qui adorent se mettre en scène, briller à la lumière des projecteurs pour mieux susciter l’intérêt des courtisans. Puis il y a les autres. Les discrets. De celles et de ceux qui, bien que débordant de talents, préfèrent rester tapis dans l’ombre, quitte à parfois se faire légèrement voler la vedette. Créateur émérite, Ludovic Petit est ainsi fait. Qu’importe le succès médiatique que cultive aujourd’hui Lup 31, sa marque de déco que l’on retrouve dans les magazines branchés. Pour cet artiste formé dans les plus grandes maisons de haute couture françaises, proche de Kenzo – il fut notamment son assistant -, la discrétion est pourtant devenue une marque de fabrique. Au même titre que son souci de perfection et cette inspiration, unique, que lui inspire les matières, les objets et l’atmosphère si particulière des souks de la cité ocre. De ses sacs en cuir, de ses coussins brodés à la main, de sa vaisselle en céramique en passant par ses incontournables photophores et autres pochettes en toile de jute plastifiée, on retrouve à chaque fois dans ses créations ce petit quelque chose qui relie à merveille les traditions et la modernité. Les deux pans d’une ville, Marrakech, où il avait un pied à terre et qui a fini par devenir, quelque part, la muse de sa vie.

Croyant aux bienfaits du hasard, Ludovic Petit y a fait sa première escale à la fin des années 2000. « Je venais de vendre Kim & Garo. Au départ, c’était dans l’idée de me poser, après tant d’années à vivre à fond sur Paris », se remémore-t-il tout en admettant que très vite, la soif de créer l’a rattrapé. En témoigne le premier atelier qu’il installe à Tameslohte où près de 400 brodeuses vont alors travailler pour lui.

Les années passant, le bouche à oreilles a fait le job et ouvert le champ des possibles à ce créateur reconnu dans le monde entier. En effet, à côté de ses objets de déco, révélateurs d’une grande délicatesse, Ludovic Petit compose et remodèle aujourd’hui les espaces, à la manière d’un architecte d’intérieur. Des manoirs, des restaurants, des hôtels de luxe. En Sologne, au Qatar ou encore dans le désert d’Agafay. « Je sévis un peu partout », lance-t-il dans un éclat de rire. Un nouveau métier, en quelque sorte, que ce « vieux de la vieille », comme il aime s’appeler, pratique avec la même audace. « Ce que j’aime, en créant, c’est avant tout de bluffer les gens. Apporter un regard nouveau, réinterpréter l’ancestral au goût du jour, raconter une histoire à ces choses parfois désuètes qui nous entourent. Je le fais tout en m’inspirant des situations, des lieux et bien évidemment, des désirs des clients. Je dis souvent que c’est comme si je vivais un petit mariage avec eux.»

Pour l’aider dans ses aventures au royaume du sur-mesure, une équipe solide d’artisans l’accompagne tout le long du processus créatif, au sein de deux vastes ateliers. L’un est situé à Sidi Ghanem, l’autre dans l’ancien quartier industriel de la ville, derrière la gare ONCF. C’est là, dans un ancien hangar, à l’abri de l’agitation, qu’il accueille son public, dessine et partage son quotidien avec l’équipe de Delight, une des meilleures agences d’événements luxueux au Maroc, dont il dirige également la partie artistique. Un vrai touche-à-tout. Ouvert sur le monde mais finalement, peu à son aise avec la foule et les nouvelles formes de communication que sont les réseaux sociaux. A vrai dire, Ludovic Petit n’en a jamais eu besoin. Son talent à toujours parlé pour lui. Et ça, malgré tout, ça ne se copie pas.

www.lup31.com

 

Jérémy BEAUBET