Après la Mamounia, ils viennent d’exposer ensemble à la galerie So Art de Casablanca. Une famille d’artistes de l’image,
sculpteurs, à la carrière bien pleine. Si les parents ouvrent aux amateurs d’art, sur rendez-vous, leur maison-atelier à Marrakech, leur fille Julia tient pleinement aujourd’hui les rênes de la galerie Just Jaeckin à Paris.

Dans la famille Jaeckin,je demande le père,la mère et la fille.Bonne pioche à Marrakech,où la Tribune a partagé un délicieux moment avec ce couple d’artistes mythiques. Just et Anne ne sont pas de ceux que l’on croise dans les cocktails. “Ce n’est pas notre truc”, avouent-ils d’une même voix. Leur monde à eux, ils le préservent à plusieurs kilomètres du centre-ville, en pleine campagne. Là où vivent les vrais gens. Il faut suivre les ?èches bleues pour trouver la bonne piste qui mène tout droit à leur paradis. Comme eux, c’est simple et beau
“Emmanuelle”, le premier film érotique “pour lutter contre la pornographie” dit-il, réinvente ses célèbres photographies. Plusieurs tirages d’une même image enfermés en parallèle dans du plexiglas. Jane Fonda, Bardot, Gainsbourg, Birkin prennent alors du relief. Il peut tout aussi bien manier d’autres matières que le plastique, comme l’acier, le bois, l’inox, parfois rehaussées de néons. Ce qu’il cherche, c’est arriver à une émotion esthétique.
Comme il le cherchait déjà pour ses 8 longs-métrages,travaillait, ou pour la réalisation de spots publicitaires -370 au compteur- dont l’inoubliable pub Pacic de 86, quand une pêcheuse en maillot de bain jaune laissait sa trace de pas sur le ponton d’une île exotique.
Dans leur salon ouvert sur le jardin, les sculptures d’Anne Jaeckin sont un hymne à la danse et à la beauté du corps. Si elle est aujourd’hui une artiste accomplie, elle a été danseuse classique professionnelle pendant de longues années. Alors les mouvements, les gestes, les torsions du corps, la grâce aussi persistent dans ses bronzes. Le saut de l’ange,le plongeon, l’équilibriste…
Ses sculptures survolent, bras et jambes tendus, dans une belle harmonie de volumes et de lumière. “Je n’ai plus besoin de photo ou de modèle aujourd’hui, j’ai tout dans la tête, le détail de chaque muscle” confie-t-elle. Un corps qu’elle façonne avec le bois, le ciment, l’acier, le papier japonais ou la feuille d’or. Anne Jaeckin a la matière au bout des doigts. Leur fille Julia a pris le même chemin. Elle a reçu en héritage le talent de son photographe de père et la grâce de sa mère. L’oeil parfaitement aiguisé, elle appose sa touche à elle par la
lumière et le cadrage. “Capter, l’espace d’un court instant, un regard, une émotion”. S’il est facile de dire qu’elle a de qui tenir, Julia a su se faire un prénom. Et ce n’est sûrement que le début. Leur atelier est à visiter sur rendez-vous

justjaeckin@me.com