LA FONDATION PIERRE BERGÉ-YVES SAINT LAURENT expose le Marrakchi Noureddine Amir

Les créations du styliste marrakchi Noureddine Amir ont tellement impressionné Pierre Bergé qu’il a décidé de lui consacrer une expo à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent à Paris – jusqu’au 3 avril –. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les œuvres de Noureddine Amir s’envolent hors des frontières marocaines puisqu’elles ont été exposées depuis 2003 au Musée de la Mode à Anvers, au Musée des Beaux-Arts de Lille, au Musée public national d’Art Moderne & contemporain d’Alger, à Londres et l’année dernière dans le cadre de l’exposition « Le Maroc contemporain », à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Il faut dire que Noureddine Amir n’est pas un styliste comme les autres : à la fois créateur, artisan, couturier ou sculpteur, il réinvente la mode dans un esprit rebelle qui défraie la chronique : « Ma vision est sans doute bizarroïde, dit-il avec humour, mais je déteste les tendances. Pour moi, un vêtement ne doit pas s’inscrire dans une date, et la mode ça n’a pas de temps. Pourquoi serais-je obligé de suivre le même chemin que tous les autres à la même période, travailler la même chose en même temps, les mêmes coupes, les mêmes couleurs, les mêmes matières ? ». Si Noureddine se sent tout aussi sculpteur que styliste, il est en permanence à la recherche de matières naturelles – en particulier végétales –, et de la façon de les utiliser pour ses modèles. « Je m’amuse avec les tissus, dit-il, je marie la soie à des matières brutes, je joue avec les couleurs, je laisse mon instinct improviser… » Dans son atelier de Marrakech, il bouillonne d’idées, sculpte directement ses robes sur des mannequins de bois sans les avoir dessinées, réinvente les cols Mao, décline les étoffes, s’inspire des broderies berbères, joue entre la transparence, les fils déstructurés, le noir et l’argent… avec une seule envie : faire évoluer les mentalités et les goûts et créer en toute liberté pour délivrer les femmes et les hommes des caprices de la mode. Pas étonnant que Pierre Bergé l’ait remarqué et propulsé dans l’univers de l’art.