Larbi Cherkaoui, calligraphe moderne

L’audace, la liberté et surtout, l’amour de la terre. Cette terre du Maroc qui l’a vu naître, en 1972, et dont Larbi Cherkaoui tire aujourd’hui « la source » de toutes ses inspirations artistiques. « Les arabesques, la calligraphie, l’architecture des palaces, des mosquées, mais aussi le travail de nos artisans, c’est tout cet environnement, ce bagage culturel qui me nourrit personnellement et influence mon travail », explique ce plasticien désormais pleinement reconnu sur la scène nationale. En témoigne le succès de ses deux dernières expositions, dont la plus récente, qui mettait en lumière une série de toiles réalisées à partir de circuits électroniques, était visible jusqu’à la fin du mois d’avril à la galerie des Comptoirs des Mines, dans le cadre de la foire d’art africain 1.54.

Formé à l’Institut français et diplômé en Arts appliqués, Larbi Cherkaoui a d’abord été un enseignant chevronné avant de s’affranchir des académismes et devenir ce qu’il est aujourd’hui, à savoir un artiste libéré et sensible à ce qui se transmet dans la rue. Inondant ses toiles de lettres et de mots dont il se plaît à décortiquer l’anatomie et le sens caché, ce quadragénaire a redonné un nouveau souffle à la calligraphie arabe en l’inscrivant dans une démarche quasi abstraite. Avec le temps, il est également devenu un maître dans l’utilisation des matériaux et des supports d’autrefois, à l’image du bois, du henné ou encore de la peau de chèvre, qu’il agence sur des tablettes et sur lesquels il vient ensuite peindre ses compositions chromatiques à l’aide d’énormes pinceaux et balais de chantier. Autant d’outils originaux que l’on retrouve en nombre dans l’atelier qu’il a investi et décoré à son image, dans le quartier de Massira III.

Un lieu vaste, chaleureux, où Larbi Cherkaoui aime donner libre cours à son imagination débordante. Et ce, sans trop se soucier de l’avenir et de l’étranger, dont il accepte les sollicitations d’exposition au compte-goutte. « Je fais partie de ceux qui considèrent que l’art doit avant tout véhiculer de la joie et c’est pour cette raison que j’aime exposer au Maroc. Ici, je sens que l’art transmet une bonne énergie et j’ai envie d’être l’un des acteurs de ce mouvement », confie cet artiste dont certaines des œuvres, aux compositions chromatiques saisissantes, se négocient désormais à plus de 10.000 euros.

J.B.