Amine Bendriouich a marqué la mémoire collective marocaine à l’encre indélébile. Créateur avant-gardiste, le jeune Marrakchi ne se laisse pas intimider par les diktats de la mode ni par le stylistiquement correct. Rencontre avec l’une des figures emblématiques de la scène artistique marocaine qui a fait craquer plus d’une star, dont Madonna, Usher, Keziah Jones, Will Smith, Alicia Keys et Naomi Campbell pour ne citer qu’eux.

 

 

 

Il est né dans la médina et fait partie de la génération Y, Amine Bendriouich est l’incarnation même de l’expression “croire en ses rêves”. Bac en poche, celui qui dessinait les fringues qu’il aurait aimé porter durant son adolescence s’envole pour Tunis où il obtient, haut la main, son diplôme en design de mode à ESMOD. Un talent inné et un cursus qui le propulsent sur le chemin d’une carrière ascendante : “Après mes études, j’ai jeté l’ancre pendant quelque temps à Berlin, où j’ai bénéficié d’une résidence artistique. Une expérience enrichissante qui m’a permis de m’ouvrir sur de nouveaux horizons, tout en offrant une vitrine à mon savoir-faire puisque j’y ai bénéficié d’un atelier et d’une boutique pendant un moment. S’ensuivent alors de merveilleuses aventures qui m’ont mené à Londres, New York, Los Angeles, Paris et Amsterdam”, nous dit-il.

 

 

UN TALENT À CONTRE-COURANT

 

L’anticonformisme d’Amine Bendriouich ne date pas d’hier comme peut en témoigner son coup de maître, en 2007, avec la création de la marque “Hmar ou Bikheer ». Une collection de t-shirts qui se veut une ode à la singularité, devenue un phénomène social auprès des différentes générations. Le créateur n’a pas fini de faire parler de lui, puisqu’il lance sa propre griffe en 2008 : Amine Bendriouich Couture & Bullshit. Un univers axé sur l’héritage, relevé d’une touche d’audace et de folie et d’inspirations contemporaines. “Ma marque est aux antipodes du concept actuel de la mode qui est devenue un business ; la création est une tout autre chose. En ce qui me concerne, j’aborde la mode en tant que mode d’expression, j’essaie de créer des vêtements intemporels, qui n’ont pas d’âge et qui ne subissent pas les diktats du marketing, des tendances et des saisons. J’ai des clients qui me font confiance depuis 10 ans, qui portent encore mes premières créations, qu’ils se sont procuré à l’époque. Mes réalisations sont unisexe ; un vêtement devient le tien quand tu le décides et non pas parce qu’on te le dicte. Le genre et l’orientation sexuelle ne sont pas un facteur pour s’habiller, c’est une question de goût et de sensibilité”, affirme Amine.

Amine Bendriouich s’est offert un retour aux sources en installant sa boutique, baptisée “Welcome to the kingdom”, au coeur de l’ancien quartier qui l’a vu naître, au sein de l’espace Shtatto plus précisément. “Ma boutique est une fenêtre ouverte sur le Maroc et l’Afrique. Une immersion culturelle loin des clichés que l’on peut se faire du pays et du continent plus globalement. Outre ma marque, on y découvre d’autres créateurs, comme Said Maarouf, Laurence Airline, Ulili, des magazines à l’instar de ‘Something we african got’. La musique y est également à l’honneur sous forme de vinyles, CD et cassettes pour faire découvrir quelques pépites, dont Casa Voyager ou Habibi Funk. De grands artistes y trouvent également leur place, parmi eux, Yassine Balbzioui, Simohamed Fettaka, M’barek Bouhchichi ou encore le photographe Yorias”, nous confie Amine.