Bernard Farcy et sa vie de comédien loin de Paris

Au cas où vous en douteriez encore, ce n’est plus la peine de s’imposer une vie à Paris pour réussir sa carrière dans l’art ou le showbiz. Le grand et facétieux Bernard Farcy en est la preuve vivante. Devenu une icône du cinéma français grâce à l’interprétation déjantée du colonel Gibert dans le film Taxi et ses suites, ce comédien à l’humour pince-sans-rire a fait le choix de fuir la Ville des Lumières il y a de cela une demi-douzaine d’années pour venir s’installer à Marrakech, dans le quartier de Targa où il vient se ressourcer plusieurs semaines par an.

 

 

Une destination apparue «comme une évidence», dit-il, «alors que je tournais à Ouarzazate sur Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (Ndlr, 2002).» Tenant le rôle de «Barbe Rouge», ce film cultissime d’Alain Chabat reste l’un de ses plus beaux succès au box-office, avec «Marche à l’ombre» (1984), «Les trois frères» (1995) et «Le pacte des loups» (2001). Aujourd’hui encore, il ne regrette en rien  son choix et aime le défendre quand on le lance sur le sujet. «C’est une idée d’un autre temps de croire qu’en s’éloignant de Paris, on nous oublie. Au contraire, c’est devenu très facile de vivre ailleurs, grâce aux mails et aux téléphones portables. Si mon agent est contacté, je peux recevoir un scénario dans l’heure qui suit et me rendre à Paris le lendemain. En fait, de Marrakech, ce n’est pas plus long que d’aller en voiture à Deauville pour le week-end», sourit ce grand bonhomme avec qui on a partagé un peu de son temps un doux matin de septembre, à la terrasse du Café de la Poste. Un lieu «charmant» et discret comme il les aime. «J’apprécie aussi me rendre à La Paillote, au Beldi Country Club, à la Collégiale, confesse l’acteur. De temps en temps, je vais aussi à l’Institut français mais ce que je fréquente le plus, ce sont les galeries d’art, comme la David Bloch Gallery ou encore le Jardin Rouge.» Mais plus que les lieux, ce sont les gens et leurs trajectoires qui le passionnent. Et sur ce point, il s’estime chanceux. «Au fil du temps, j’ai rencontré ici des gens réellement passionnants, des artistes, des créatifs, n’appartenant pas forcément au monde du cinéma d’ailleurs. Ces rencontres humaines participent à mon enrichissement personnel».

 

Ces dernières années, le fait de vivre à cheval entre la France et l’Afrique du Nord lui a permis de s’aventurer dans d’autres registres. Lui qui a obtenu son premier grand rôle à l’écran en 2006 en interprétant magistralement le Général De Gaulle dans le film «Le Grand Charles» («le rôle dont je suis le plus fier») a par exemple tourné dans trois longs métrages marocains dont «El Farrouj», la célèbre comédie d’Abdellah Ferkous qui relate les joutes rocambolesques entre un Marrakchi et son voisin étranger. De là à disparaître des tablettes des réalisateurs français ? Que nenni ! Ses récentes apparitions dans «La folle histoire de Max et Léon» (2016) et «Taxi 5» (2018), dont il est l’une des rares attractions, témoignent du lien étroit qu’il continue d’entretenir avec l’univers de la comédie à la française, un genre pour lequel il commet des infidélités, de temps en temps. «J’ai toujours pensé qu’il était bon de se sortir des rôles qui marquent le public. C’est pour cela que je pratique le mélange des genres», sourit-il. En témoigne son prochain film qu’il écrit actuellement, avec l’aide de son ami le scénariste Bernard Stora. Souhaitant ne pas trop en révéler pour l’instant, il nous a confié, avant de quitter le café, que l’intrigue était policière et que, bonne nouvelle, il jouerait dedans.

 

Par : Jérémy Beaubet